Thursday, June 10, 2004 to Saturday, July 31, 2004

    Opening
    • Thursday, June 10, 2004
    L'exposition de Mary Anne Barkhouse, «Ami des castors, ennemi du mal», évoque les grands titres des nouvelles de la dernière année en matière d'échecs technologiques, d'attaques d'animaux sauvages et de catastrophes naturelles : À 16 h 11 HNE, le 14 août 2003, l'Ontario et la plus grande partie du nord-est des États-Unis sont victimes de la plus grande panne d'électricité de l'histoire de l'Amérique du Nord. Cinquante millions de personnes se retrouvent sans électricité et les consommateurs de New York à Toronto et jusqu'à North Bay sont plongés dans le noir (CBC News, 20 août 2003). 9 janvier 2004 : deux femmes pratiquant le vélo de montagne ont été attaquées par un couguar jeudi après-midi dans le parc Whiting Ranch Wilderness, dans l'Orange County, en Californie. Une troisième victime présumée a été retrouvée non loin, morte et à moitié ensevelie. (http://outside.away.com/outside/ news/20040109_1.html) 5 avril 2004 : une chasse à l'ours est projetée dans l'état du New Jersey, la dernière ayant eu lieu en 1971. C'est parce qu'on retrouve de 1 300 à 2 000 ours, et qu'il y a de plus en plus de plaintes contre eux. (http://www.outdoorlife.com/outdoor/newsandfacts/snapshots/ article/0,13285,459642,00.html) Sous l'effet de « l'été de feu » qu'a connu la Colombie-Britannique, l'été le plus sec et le plus chaud de l'intérieur méridional depuis que l'on enregistre des données, les forêts desséchées et inflammables sont devenues vulnérables à 2 500 feux de forêt, dont 8 brasiers « de contact », là où des forêts denses rencontrent des secteurs à forte densité de population (CBC News, 29 décembre 2003). «Ami des castors, ennemi du mal» comprend trois installations : «Casse-croûte Cadeaux et Fusils», «Pétition» et «Foyer». Cette exposition explore, après des siècles d'exploration, de conquête et de domestication, les effets de la consommation à outrance, de la technologie et de l'industrie qui ont fragilisé au dernier degré le lien étroit entre la société humaine et la nature. Barkhouse devient ambassadrice pour faire un lien entre les univers de l'humanité et de la nature; elle emploie des représentations d'animaux, tels le loup et le castor, que l'on perçoit habituellement vivant en marge des désirs humains. Barkhouse relève les attitudes négatives entretenues envers ces animaux, et explore en détail les associations et stéréotypes que leur attribuent les êtres humains. «Foyer» lève le voile sur notre propre cycle de conflit humain, faisant allusion aux luttes actuelles pour l'appropriation d'un territoire et de ses ressources. Barkhouse se sert du vautour et du corbeau, que l'on associe habituellement à la guerre, à la mort et à la famine, comme des trophées ironiques qui célèbrent, glorifient et récompensent les impulsions hostiles propres aux êtres humains. Ces trophées trônent sur une cheminée ornée de chasseurs F-22, qui représentent l'ingéniosité humaine et une croissance technologique ininterrompue. Au-dessus de la cheminée, on voit cinq ramures de chevreuil faites de résine transparente. Devant la cheminée est étendu un loup en bois brûlé, noirci, comme s'il avait été pétrifié par le feu; le loup est toujours tout près, pour remettre en question notre sécurité. La première fois que Barkhouse a vu l'enseigne du «Gift Guns Snack Bar» («Casse-croûte Cadeaux et Fusils»), c'était sur la façade d'un dépanneur à Norland, en Ontario. Barkhouse reproduit l'enseigne en rose fluorescent, encadrée de minces tablettes en plexiglas dépoli qui supportent de petites sculptures de castors. En présentant ces petits bibelots ou autres objets que l'on trouve habituellement dans un magasin de souvenirs, cette installation traite de la destruction de la faune au nom des activités commerciales, comme une pensée après coup. Historiquement, le Canada a été bâti sur le dos du castor, que l'on a chassé et piégé pour sa fourrure pratiquement jusqu'à l'extinction. Les plaisirs simples de la vie sont issus de solutions simples mais ont des conséquences brutales. «Pétition» présente une chaise en acajou qui rappelle les chaises de vestibule très répandues au XVIIIe siècle. La chaise reflète la grandeur et la richesse des salles de réception européennes. De plus, elle représente le prestige d'une maison du XVIIIe siècle. C'est aussi à cette époque que le commerce de la fourrure atteint son apogée en Amérique du Nord. Un castor endormi assis sur la chaise attend patiemment, comme s'il voulait engager la conversation avec nous. La capacité du castor de changer son habitat pour l'adapter à ses besoins n'est surpassée que par celle de l'être humain; par son travail, le castor aménage des zones humides qui accommodent d'autres espèces animales et épurent l'eau. Quand des conflits surgissent avec le castor sur des questions d'inondation, de coupe et de nuisance, les écologues affirment que la meilleure solution est de se faire complice de l'animal. Dans ce cas, nous avons l'occasion de changer nos façons de faire en réfléchissant à notre propre histoire et à notre influence sur l'environnement. Par son travail, Barkhouse nous demande de penser à l'importance des animaux, à leur persévérance et à leur présence quotidienne bien réelle dans nos vies, que l'on habite la ville ou la campagne. Barkhouse ne met pas de gants pour exprimer haut et fort qu'il faut conserver la nature et sauver l'environnement, mais elle sait aussi faire preuve de poésie, de créativité et d'humour pour parler des possibilités de progrès et d'améliorations pour notre avenir. C'est en continuant de comprendre comment fonctionnent les écosystèmes que nous habitons et partageons avec d'autres espèces que nous pourrons assurer notre avenir. -- Frank Shebageget, Commisssaire