Thursday, May 31, 2007 to Saturday, June 30, 2007

    Opening
    • Thursday, May 31, 2007
    Les mollahs du monde de l’art l’affirmaient depuis longtemps; même le nécessiteux romancier Jonathan Franzen en a annoncé l’arrivée – le vingtième siècle : le siècle du collage. Les commentateurs ont oublié que le chaos, l’interruption, l’intertextualité et les mécaniques morphologiques du collage avaient leur équivalent dans l’art figuratif depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Il suffit de penser aux anachronismes punks comme ceux d’Otto Dix et de Philip Guston; tous deux des artistes qui connaissaient manifestement bien les personnes qui les entouraient ainsi que les substances que les dits gens du pays avaient tendance à utiliser afin de s’oublier eux-mêmes et d’effacer le plus possible leur voisinage. Dans les peintures tourmentées de Wyatt, nées de pratiques qui mêlent morphogénie, superposition, redirection, pluralité, répétition et ouverture utile radicale, nous témoignons de quelque chose qui fait allusion à un lien avec cette tradition. Les éléments-clés sont le corps – directement inhérent à sa propre aperception immanente – et la nature de la lumière et de l’orifice (les ouvertures et la lumière se trouvant là où l’ouverture utile entre en jeu). Tous les éléments dans les portraits cabalistiques de Wyatt sont mesurés en terme d’effets sensori-moteurs sur le « compteur des nerfs » d’Antonin Artaud, comme figés dans le temps alors qu’ils s’écoulent du corps comme la conscience du narrateur invisible d’Ellison pendant qu’il subit un traitement de choc (à l’instar de l’un des sujets de Wyatt, Rocky Erickson, l’enfant prodige psychédélique au trouble bipolaire, qui a subi un tel traitement après avoir été arrêté avec de l’herbe à Austin et avoir plaidé l’irresponsabilité pour cause d’aliénation mentale)… ou comme le rayon solaire qui sort du trou du cul du juge Schreber à chaque fois qu’il se met à réfléchir à la célèbre étude de cas de Freud. Wyatt, comme Bacon et Baselitz, a la capacité apparemment gnostique de percevoir les anatomies partielles invisibles de la chair, donnant à des formes encore humaines l’illusion d’activités extraterrestres (qui ne sont pas une illusion). Ses peintures tendent vers une libération de cette chair : le corps délaisse sa pelure d’oignon translucide et le plasmide qui reste est mis à la vue temporairement pendant qu’il se décompose; ses œuvres les plus extraordinaires sont ses tentatives désarmantes de prolonger la demi-vie de cette image rémanente. Bien sûr, un collage viendrait à bout d’une telle tâche, mais on risquerait alors de perdre la chance de voir l’éclat d’orgone démesuré dans son habitat naturel. Jason Wierzba La peinture me fait délirer. Après les longues soirées en studio, je me perds dans des rêves violents et de dissociation. Le matin, j’ai dans la bouche le goût du sang des chasseurs que j’ai tués et j’ai le drôle de sentiment que je suis plus animal qu’humain. Ce récent travail peut être interprété comme un codex d’activités paranormales… La conscience s’éclate dans toutes les directions – comme une transmission de SETI. Mais pas une des nôtres. Je me débarrasse tout le temps de mon accumulation de techniques, d’esthétiques et de dogmes qui peuvent obstruer ma capacité de recevoir le mystérieux, les courants résonnants qui flottent dans l’air et s’emparent comme par hasard de ma main à chaque fois que j’essaie de peindre (imaginez les éclairs des transformateurs Tesla, la main de Frankenstein saisissant un pinceau, etc.). Ces courants semblent se matérialiser seulement là où les accidents et l’authenticité ont le droit d’exister. Par « authenticité », j’entends : aucune séparation entre la pensée et la main. La meilleure façon d’éliminer la distance entre ces deux points? Éliminer complètement la pensée. Ma méthode de peinture se rapproche de la Visitation, de la transe vodun, de la psychokinèse et de la pêche, bien plus que de toute technique que l’on peut décrire et qui peut être réalisée avec de la peinture et un pinceau. J’essaie de regarder le sujet comme si l’œil humain ne l’avait jamais vu auparavant… puis, je commence à peindre. Souvent, j’échoue lamentablement… mais mes intentions sont pures. « L’art, c’est le nom qu’on lui donne après coup, vous savez. » [Philip Guston] « L’espace est l’endroit. [Sun Ra] Wyatt