Friday, September 17, 2010 to Saturday, October 16, 2010

    Opening
    • Friday, September 17, 2010 to Saturday, September 18, 2010

    Le terme POST-DATA (Post-Scriptum)1 est définitivement un mot qui s’est éloigné de son usage original. Les lettres manuscrites, tout comme n’importe quelle forme d’écriture linéaire et analogique, ne peuvent pas être corrigées, à moins qu’on en raye ou en efface des morceaux, ou encore, qu’on les recommence.

    Les Post-Scriptum s’utilisent pour répondre à l’impossibilité de faire des changements et, de surcroît, ils se placent après la signature. En ce sens, ils correspondent au dernier ajout, au commentaire qui n’a pu être fait ou à une note en exergue dont le contenu s’éloigne du sens général de la lettre.

    L’exposition POST-DATA correspond à la relecture du travail de recherche et de création de quelques professeurs de l’École d’art de l’Université Pontificale du Chili. Les artistes ont proposé, au moyen de notes de bas de page, une réflexion sur les procédés de création, sur le développement des oeuvres dans le temps et sur les références qui permettent de comprendre les décisions qu’ils ont prises pour créer leurs oeuvres. Ces réflexions qui vont des formalités académiques aux allusions biographiques forment le cadre de référence qui permet de cerner les oeuvres selon une perspective différente par rapport à ce que les auteurs avaient établi au départ. Ces projets n’ont pas forcément été créés pour être exposés collectivement, ni pour être accompagnés de textes qui soulignent leur processus de création. Ces repositionnements temporels et spatiaux définissent en quelque sorte le caractère transitoire et potentiellement mutant de ces propositions.

    Très souvent, les procédés de recherche artistique sont liés à des méthodologies qui diffèrent des modèles traditionnellement acceptés en tant qu’objets porteurs de connaissance - modèles qui, dans l’histoire, se présentent comme des piliers du développement en Occident et, plus particulièrement, de l’excellence académique. Cependant, en prenant une perspective plus diffuse ou plutôt nébuleuse, ou en d’autres termes en prenant un point de vue opposé, on rencontre des modèles qui explorent l’à-propos de la visualité, soit, selon Sarat Maharaj, la « non-connaissance »2 .

    Cette proposition examine ce qui est indéterminé ou inachevé, ce qui demeure suspendu dans le temps en tant qu’axe sémantique se référant aux oeuvres d’art.

    La recherche en art contemporain se différencie de la recherche sur l’art contemporain. La première pose la pratique artistique comme propos, alors que la seconde s’intéresse aux oeuvres en tant qu’objets de recherche qu’on peut isoler et étudier comme dans n’importe quelle science.

    Le terme « non-connaissance » fait plutôt allusion au fait de réfléchir à la pratique artistique puisque c’est sur ce terrain que les limites sont plus ténues. Les références étant relatives on assiste à un nomadisme permanent des images qui ne s’ancrent pas définitivement en un point fixe. On pourrait dire que le caractère visuel des oeuvres d’art se définit comme un état de calme relatif, un lieu suspendu momentanément dans le temps. Cependant, le caractère épistémologique des arts visuels nie le paradigme de l’image en tant qu’objet historique, scientifique ou faisant office de document.

    Création et recherche sont traditionnellement des disciplines qui ne se rejoignent pas facilement. La création et la recherche vues à partir de l’arène rétinienne doivent être comprises en tenant compte tant de la distance qui existe entre ce qui est modelé rigoureusement par les sciences que par tous les procédés qui s’articulent autour de l’expérience visuelle, c’est-à-dire quand le phénomène de la présence physique est le centre de la proposition cognitive.

    Connaître visuellement est une expérience qui ne se réalise que dans le « laboratoire du lieu de l’exposition ». Le temps consacré à ces expériences permet alors de procéder à la (re)connaissance de ce qui a valeur de document dans les propositions artistiques car celles-ci se trouvent sur un terrain en révision continue et doivent être relues périodiquement au moyen de notes de bas de page, soit, de façon plus prosaïque, au moyen de Post-Scriptum.

    Mario Navarro Professeur, École d’Art, UC

    Traduction de l’espagnol au français : Marion Bordier

    1. Note de la traductrice : Le mot posdata (du latin Post datum, après la date) s’utilise dans les lettres rédigées en espagnol alors qu’en français on utilise Post-Scriptum. L’auteur utilise POST-DATA, soit « l’après message ». Dans le contexte de ce texte c’est aussi le titre de l’exposition. 2. Maharaj, Sarat, “Xenoepistemics: Makeshift Kit for Sounding Visual Art as Knowledge Production and the Retinal Regimes”, Documenta 11, Platform 5, Exhibition Catalogue, Documenta und Museum Federicianum, Kassel, Hatje-Cantz Publishers, 2002.