Thursday, September 7, 2006 to Saturday, October 7, 2006

    Opening
    • Thursday, September 7, 2006
    Dans son exposition Ten Small Quarrels (Dix petites disputes), Karina Kalvaitis a conçu des décors qui font fonction d'habitats abandonnés qui, semble-t-il, ont récemment servi de point de départ à des créatures mystérieuses. Quelques marques à peine visibles laissées dans les environs somptueux mais peu réalistes témoignent de leur séjour. L'œuvre elle-même semble blâmer l'exode de ces dioramas sur les auteurs de cette architecture conceptuelle, architectes qui n'ont pas du tout compris les vrais besoins des anciens habitants; l'œuvre apporte une réflexion fondamentale sur ce qui constitue une demeure, par opposition à ce qui est une cage (ou une scène). L'œuvre de Kalvaitis tourne autour de la tragédie de la perception erronée et de la prison des idées irréfléchies (même si elles sont pavées de bonnes intentions) dans lesquelles les désirs demeurent inassouvis, et les besoins mal compris et jamais comblés. Ces sculptures trahissent la délicatesse du travail qui est de toute évidence fait à la main, mais les résultats de ce travail sont intentionnellement autoréférents, conséquences d'une compréhension erronée plutôt que d'une forme ou une autre de processus démocratique ou d'information sûre. Dans Plainsong, un nid d'oiseau (avec la compréhension évidente des concepts des soins et du répit dont il est synonyme) est placé sur une plateforme aux couleurs gaies sous un escalier étrangement configuré, entouré de bannières ornementales qui ne procurent ni vie privée ni information. L'idée du nid évoque un confort secret, une antithèse du spectacle public. L'on ne peut qu'imaginer la créature méfiante et fatiguée qui l'habite, qui se rend à son domicile, comme on va à la guillotine, en se traînant les pieds. Kalvaitis a longtemps été fascinée par les cirques et les chambres d'enfants, voyant en ces lieux de vulnérabilité et de menace un terrain fertile en développement et en exploration du fantastique. Ces lieux partagent une propension à la gaîté forcée, à la fois visuelle et émotionnelle. Les couleurs de barbe à papa et l'organza détournent l'attention de l'indigence et de l'odeur qui se cachent au-delà des berceuses et des clowns tristes : l'esthétique des deux environnements est faite de calcul et d'astuces. Ce qui semble inoffensif et rassurant dans ces deux lieux bien remplis mais interdits peut sembler tragique et un peu ridicule quand on les regarde de l'extérieur. Les œuvres ont quelque chose qui semble tout droit sorti du jeu de société et de la maison de poupée, avec des petits drapeaux héraldiques qui flottent fièrement en permanence au sommet. Parfois leurs bases, placées sur des tables sur pied construites de façon saugrenue, portent des marques obtuses. On ne saurait dire ce qu'elles signifient mais il est possible de se l'imaginer. Les joueurs sont-ils des participants consentants ou récalcitrants (ou involontaires)? Et plus inquiétant encore, on peut sérieusement se poser cette question : qui donc est le maître du jeu? L'échelle des sculptures de Kalvaitis joue aussi un rôle important. Aux yeux du spectateur, elles ont la dimension de jouets et seraient à leur place dans une salle de jeux. Malgré le dysfonctionnement intentionnel de ces habitats, il est impossible de leur imputer une malice quelconque. L'artiste a qualifié ce travail « d'extension d'un désir irrésolu de s'occuper de quelque chose d'autre que soi-même ». Le paysage de cette installation est alimenté par une intensité et par un espoir enfantins, mais présente des subtilités du monde adulte – attraits et abandon, déceptions et occasions manquées - dans un monde à la fois obscur et confus. Deborah de Boer, écrivaine Marie-Thé Morin, traductrice