Thursday, January 18, 2001 to Saturday, February 24, 2001

    Dans la culture urbaine contemporaine, alors que l’intimité est vigoureusement revendiquée par un public aspirant à l’anonymat, une majorité écrasante de structures multi-résidencielles sont construites de façon à suggérer la discrétion et le conformisme. Des extérieurs neutres et effacés se fondent aisément dans le paysage urbain, assurant ainsi la sécurité des résidents. Toutes les expressions de goût personnel ou d’individualité se retrouvent en général confinées à l’intérieur du foyer. Les seules indications externes des vies intimes que contiennent ces édifices ne sont visibles que dans les éléments décoratifs étalés sur les balcons et dans les fenêtres. Je me sers de la photographie pour atténuer la monotonie prévisible dans la plupart de ces architectures à logements, préférant accentuer les motifs variés et les anomalies cosmétiques qui se trouvent sur certaines façades. Ces images subtilement altérées (prises avec un appareil photo en plastique) imitent la façon de voir de l’œil humain quand il observe fortuitement un spectacle quelconque : la mise au point disparaît de façon arbitraire et la perspective est faussée. Avec comme toile de fond le ciel et, à l’occasion, des lignes de haute tension, les structures que je photographie semblent avoir été déracinées de leur environnement immédiat, ce qui correspond à l’expérience psychologique du citadin contemporain. Transférés dans l’espace de la galerie, ces édifices créent un voisinage artificiel dont les prototypes architecturaux confrontent, à leur mesure, les tendances urbaines vers l’anonymat. Il nous est rappelé que la façade d’une structure est partagée entre la communauté et les locataires, et que le paysage urbain d’Ottawa est construit d’édifices qui diffèrent en âge, en entretien et autres attributs de base. Pourtant, ces façades demeurent superficielles, en galerie tout comme dans la rue. Les limites précises entre le public et le privé font partie de toute communauté urbaine. Les surfaces vitrées de ces édifices semblent opaques plutôt que translucides, retournant au regardeur le visage de la ville. Nikki Middlemiss