Thursday, October 25, 2001 to Saturday, December 1, 2001

    Opening
    • Thursday, October 25, 2001
    Avec "Uncomfortable Surfaces" en 1994, Higashionna mettait déjà en place les motifs domestiques qu’il continuera d’utiliser dans son travail récent. Ceux-ci réfèrent certainement au domaine des apparences ; l’aspiration à un statut social plus élevé (et/ou son échec), la recherche d’une qualité de vie, les valeurs communautaires tendent à transparaître dans l’esthétique de l’espace privé. Par ses installations, l’artiste japonais nous convie plutôt à nous introduire dans l’illusoire confort du domestique, lieu de retraite ambiguë dont les murs retiennent malgré nous, dans une logique interne, les différents éléments de multiples petits drames. Walking the Window , titre de l’exposition présentée à la Galerie 101, attire l’attention directement sur les limites. L’inconfortable surface des apparences est ici ouverte à demi par des fenêtres qui donnent, entre autres choses, sur l’inquiétante étrangeté de certains motifs floraux, de la préciosité des entrelacs d’une dentelle, du moiré séduisant d’un rideau. L’inquiétude vient du fait qu’ils cachent maladroitement des espaces obscures qui menacent de s’infiltrer. Certains tableaux-fenêtres de Higashionna montrent une toile de dentelle voilant mal un abyme noir réussissant à s’écouler au-delà des limites du cadre. Cette contamination risque d’affecter les désirs préfabriqués et les stéréotypes “matérialisables” dont s’alimente le marché des valeurs mobilières. Les couleurs vives et les éclairages nus utilisés par l’artiste laissent eux aussi croire à ce potentiel de risque, mais il pourrait s’agir également d’un indice pouvant mener vers l’issue. Ici, l’excès, sous forme d’intensité colorée et lumineuse, s’oppose littéralement à l’enclos fortement réglé de l’environnement domestique, tant nord-américain que japonais. La volonté de sortir de ce cadre contraignant est continuellement contredite par une projection subjective, sur cet espace, de l’image intériorisée du confort privé. L’aspect souvent graphique des “dessins” de Higashionna rend visible la réalité schématique de l’image qui nous habite et que nous souhaitons souvent habiter à notre tour. Mais le dépassement comme la retenue sont des illusions contredites à leur tour par une esthétique du "camouflage criard" qui les exhibe et les détourne dans l’éblouissant et séduisant excès de la couleur, de la lumière et du motif. Comme les protagonistes d’un théâtre de libération post-décoratif, les appareils d’un détournement "ménagers" se retrouvent en réserve, dans l’attente d’un nouvel assaut contre les limites de l’ordre et des valeurs établis. François Dion