• Do Weeds Still Grow in Heaven? by Lan "Florence" Yee Nov 9 - Dec 14 2024

    Saturday, November 9, 2024 to Saturday, December 14, 2024

    Vernissage et lecture de poèmes

    Samedi 9 novembre
    14 h à 17 h
    La lecture de poèmes commence à 15h

    Exposition en cours du 29 novembre au 14 decembre 2024
    Journées du masque les samedis 16 et 30 novembre

     

    Déclaration de l'artiste - Lan « Florence » Yee

    Je travaille actuellement sur une nouvelle collection de sculptures et d’installations textiles pour une exposition qui pose cette question : les mauvaises herbes poussent-elles encore au paradis ?

    Sur le plan taxonomique, les mauvaises herbes nous laissent perplexes, car elles ne représentent pas une véritable espèce végétale. Ces plantes variées se contentent de partager un comportement qui consiste à apparaître et à prospérer dans des endroits non désirés. Dans ma plus récente exploration artistique, je trouve de nombreuses significations à la famille des mauvaises herbes que je mets en relation avec le non-conformisme sexuel et la transidentité racialisés, perçus avec hostilité comme des excès indésirables ou ingérables. Je propose une autre analogie en jetant un regard à l’intérieur des communautés queers : les mauvaises herbes incarnent alors les violences qui passent sous silence dans ces relations. C’est un sujet souvent ignoré lorsqu’il s’agit de célébrer l’absolu de l’amour homosexuel — une stratégie imparfaite pour défendre l’appartenance. L’évocation d’un « paradis » découle d’une perspective courante qui consiste à nourrir l’espoir d’une utopie queer grâce à l’utilisation de l’hymne lesbien « Heaven is a Place on Earth » (1987) de Belinda Carlisle.

    J’associe les images imprimées de plusieurs lieux à des sujets que l’on ne peut ou que l’on ne veut pas revendiquer. Ces affaires inachevées sont incarnées par l’obstacle de la preuve, le mot PROOF étant brodé en filigrane. Inspirée par les procédés traditionnels de l’imprimerie, la série tente de maintenir le désir d’une présence archivistique avec ses contradictions. Car même si les personnes queers et racialisées sont attirées par les pratiques archivistiques — dont elles étaient autrefois exclues — l’archive porte en elle la structure même de la problématique: les limites imposées par l’autorité, son (in)accessibilité, ses classifications ethnographiques et son penchant pour une représentation claire. Comment faire place à ce qui n’est pas inscrit, ce qu’on ne peut inscrire et ce qui n’est pas encore inscrit ? Et si le besoin de documentation était nuisible ? Le défi de la commémoration m’incite à considérer ce que le théoricien queer Jack Halberstam appelle « les nouvelles formes de mémorisation qui se rapportent davantage à des données fantomatiques qu’à des preuves tangibles, aux généalogies perdues plutôt qu’à l’héritage, à l’effacement plutôt qu’à l’inscription ».

    À l’extérieur, des affiches SEEKING (À LA RECHERCHE DE) — ou de nouvelles affiches créées pour l’occasion — pourraient recouvrir les murs de la galerie et les panneaux d’affichage municipaux afin d’interrompre discrètement les promenades quotidiennes et lancer un appel ambigu à l’action. Sans moyen pour agir, les gens devront décider par eux-mêmes ce qu’il convient de faire pour remédier à l’absence.

    Dans mon travail en cours, j’utilise de grands tissus imprimés qui imitent des briques en verre et qui servent de séparateurs dans l’espace. La combinaison d’éléments d’architecture extérieure et d’images domestiques nous fait naviguer entre les sphères publique et privée. En particulier, le motif de la brique de verre reflète une innovation du vingtième siècle dont l’utilisation originale consistait à laisser entrer un maximum de lumière tout en préservant l’intimité d’endroits jadis non éclairés dans des villes en pleine croissance. L’exposition offre provisoirement un lieu accueillant à de nombreuses espèces de mauvaises herbes.

     

    Lan remercie le Conseil des arts du Canada, le Conseil des arts de l’Ontario - une agence du gouvernement de l'Ontario, et le Toronto Arts Council pour leur soutien.