Thursday, June 26, 2003 to Monday, August 4, 2003

    Opening
    • Thursday, June 26, 2003
    Il y a tellement de choses que l’on prend pour acquis, en commençant par nos communications avec nos semblables, tant sur le plan local qu’universel. Plus que jamais, il semble crucial de cibler, de conceptualiser, de comprendre et enfin de concilier tout cela en accord avec notre condition d’artiste et de citoyen de ce vaste monde. Mais comment trouver sa place au milieu de tout cela? Nos rapports avec nos voisins sont-ils différents? Notre rôle d’artiste et de citoyen a-t-il changé? Pour quelles raisons nous sentons-nous le besoin de prendre position, de politiser notre travail et de l’encrer dans un contexte social, de manière à inciter l’engagement d’autrui? Inversement, qu’est-ce qui pourrait nous pousser à éviter tout cela ou à se défiler? Peut-être n’existe-il qu’une seule et même raison… « untitled » est une installation vidéo à canaux multiples qui poursuit la réflexion de Salloum sur la réalité, la représentation, les manifestations et les énonciations du contexte socio-politique. Ce projet met l’accent sur les frontières, le nationalisme, les mouvements (déplacements, transitions et espace/temps interstitiel), la subjectivité ainsi que les conditions de vie dans les différentes polarités culturelles, géographiques, historiques et idéologiques. L’installation n’est pas modelée sur une expérience visuelle passive, comme c’est le cas de la peinture, mais plutôt selon une approche de recherche ou de lecture, une archive vivante où le visuel comporte une bonne part de non-dit. Cela implique une atmosphère de collision visuelle, de collaboration, de contextualisation, d’interférence critique ou d’existence mutuelle émanant tant de la vidéo elle-même que de la participation du regardeur. Les écrans se répondent, en quelque sorte, pour créer non pas une simple image, mais une expérience physique, viscérale et profondément subjective, qui passe par le corps plutôt que l’esprit. Il en résulte une impression de crise, d’identité et de métaphore, suggérant une transition et un déplacement, une énonciation propre à la nature même du site interstitiel. La relation dialectique de l’orateur avec son propos est requestionnée, le dialogue est mis à nu et tissé au travers de l’histoire, du champ visuel, du cadre et des différents processus fictifs ou documentaires. La différence s’articule dans les espaces absolus et métaphoriques du déplacement et de l’établissement, leur constitution étant perçue dans une optique culturelle qui dépasse la simple relation subjective avec un milieu donné. L’historique des déplacements est ici considérée en termes de genre, de race et de classe sociale, en tenant compte des facteurs d’impérialisme, de conflits et de capital, et en invoquant les notions controversées et contestées de patrie, de nation, de diaspora , d’exil, de voyage, d’assimilation, de refuge, de revendications autochtones, etc., dans une tentative de recontextualisation des faits et de nos perceptions. Le but ultime de l’exercice serait une prise de contrôle ainsi qu’une restructuration d’un organisme complexe et autonome. C’est la dernière nuit du «Spring break». La semaine à peine entamée, je me suis vite rendu compte que mes ambitions de concilier travail intensif et repos étaient désespérément irréalistes. J’ai alors opté pour le repos, parsemé d’un peu de travail. En ce moment, je ne peux m’imaginer reprendre, demain, le chemin de l’école. C’était intéressant de voir la vidéo de Soha de pair avec celle du vieil homme qui raconte son histoire; une intéressante juxtaposition d’appartenance et de perte. Le vieil homme est narratif. La pièce m’a fait réaliser à quel point la narration pouvait être un outil utile pour structurer les faits. La scène semblait presque pédagogique : le plus vieux raconte l’histoire alors que le plus jeune l’écoute attentivement. De toute évidence, la narration est un véhicule qui permet de transporter son bagage avec soi, et de le transmettre aux générations ultérieures. C’est le cas de cet homme, qui avait une histoire de perte à communiquer. Comme toute conversation, elle est composée de pauses, de bribes, d’interruptions et d’ouvertures vers l’autre. Je trouve que c’est une bonne façon de digresser par rapport à l’histoire dominante, l’histoire de martyr. Cela m’a porté à réfléchir sur les problèmes qui entourent la narration linéaire et inflexible. Cette vidéo a changé ma façon d’envisager les notions de fragmentation, de perte et de foyer. Je ne sais pas si je radote, mais enfin… Affectueusement, A.S.