À partir d'une perspective historique, TRANSLITTÉRATION étudie des questions de représentation. Dans des photographies en couleurs à grande échelle, les sujets noirs évoluent dans des scénarios qui paraphrasent des peintures célèbres de l'Europe de l'Ouest, des dessins tirés de plusieurs oeuvres comme « Un après-midi à Naples » de Paul Cézanne, « Le Baigneur » de Degas, « La veille de nuit » de Rembrant et « Le Déjeuner sur l'herbe » de Manet.
Mon intention n'est pas de recréer exactement mais plutôt de placer dans un nouveau contexte. Les images portent une esthétique contemporaine et combinent plusieurs éléments, puisant dans la culture hip hop, le théâtre et le langage publicitaire. Ces images servent de points de départ évocateurs plutôt que de réponses cohérentes menant à des débats plus larges sur la question de la race. Le titre fait allusion à un objectif important du travail. Il montre comment le sens change quand les moyens d'expression, les sujets et les histoires sont traduites et traduites encore.
De manière très personnelle, « Translittération » donne une réponse à l'art de l'Europe de l'Ouest. Une réponse dérivée de la nécessité de questionner et d'encourager différentes façons de voir et de regarder, en présentant des sujets noirs dans des rôles que l'on associe traditionnellement à des sujets blancs.
--Dawit Petros
L' ARTISTE COMME TRADUCTEUR... la traduction peut facilement passer pour une activité anodine dans laquelle un traducteur honnête communie avec l'auteur du texte original et transmet son message, intact. En réalité, la traduction sous toutes ses formes devient souvent un lieu où se jouent des rapports de force entre toutes les personnes impliquées.
La traduction, dans le contexte de cette exposition, effleure des dimensions politique et culturelle qui ont trait non seulement à la traduction des langues mais à la traduction des contextes culturels entre l'histoire de l'art occidental et de l'art contemporain au Canada.
Comme la traduction est devenue une question cruciale sur le plan politique et culture, l'on peut soutenir qu'elle peut être considérée comme une métaphore centrale pour quelques-unes des tâches les plus urgentes auxquelles nous devrons faire face au 21e siècle. La traduction nous montre comment plusieurs contextes de langue, de culture, d'art et de politique peuvent être mis ensemble pour en arriver à une compréhension mutuelle, mais sans avoir en même temps à sacrifier la différence au profit de l'assimilation.
Le travail de Petros tente de déceler les endroits-clés où la construction et la manipulation ont une influence sur le processus de la traduction. En cette circonstance, l'acte de traduction est le travail d'analyse et d'interprétation interculturelles. Ce travail nous demande de nous immerger dans une autre culture et de communiquer sa pensée et sa beauté par un nouvel idiome. Il fait appel à une plus grande faculté d'expérience, d'adaptation et d'ajustement ainsi qu'à une évaluation de valeurs et d'idéologies intangibles.
Quand elle est séparée par l'histoire et la culture, la traduction semble quasi impossible; quand les langues sont si différentes, et que le contexte culturel l'est tout autant, peut-être que le traducteur doit avoir la forme de liberté d'expression qui, bien qu'elle se prétende traduction, se résume plutôt à des explications... proposant peut-être des scénarios contemporains qui remettent en question nos conceptions de blancheur, de race et d'interprétation.
Dans le contexte de ce travail, la représentation, la paraphrase, la recréation et le fait de placer une oeuvre dans un nouveau contexte deviennent des stratégies puissantes pour réaffirmer et contester une identité canadienne/africaine, proposant à la fin une approche différente du portrait des différences et des ressemblances.
--Jessie Lacayo, Conservatrice
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Thursday, January 15, 2004 to Saturday, February 21, 2004
Opening- Friday, January 16, 2004
