Dans son exposition, Fred Laforge inclut une représentation personnelle de l’acceptation et de la sexualité. Laforge comprend bien que les règles dictées par la société ne sont pas immuables; il en exploite les lacunes et en tire avantage. Il défie la culture occidentale et s’en prend à ses valeurs; il se met en tête de prouver qu’une forme de beauté authentique émerge du fond de tout vilain petit canard. Il fait une profonde entaille dans la chair de l’humanité et de la civilisation pour exposer au grand jour la vérité de vies qui semblent à première vue dissolues et pleines d’ignorance.
Il explore le phénomène de l’obésité, de l’autocritique et des difformités pour faire voir à quel point la croyance collective dans une vie en beauté est utopique; en contrepartie, brutalement, il fait voir au monde à quel point les gens parfaits peuvent être méchants et imparfaits. En fait, Laforge offre un refuge aux personnes imparfaites qu’il louange, et il leur donne enfin l’occasion de briller.
« Tels des signes d’une civilisation grotesque et futile, les stéréotypes de la culture de masse forment une partie de ma pratique. » Il n’y a qu’un pas à franchir entre ce qui est normal et ce qui ne l’est pas, et chacun a ses vues là-dessus : Laforge veut jeter sur ce phénomène un regard approfondi. En explorant la montée pandémique de la quête d’une perfection absolue, Laforge nous montre qu’il n’y a pas que les femmes que l’on scrute à la loupe quand il est question de beauté; désormais, les hommes font aussi l’objet d’une grande attention.
Dans son travail, les hommes sont obèses et ont une allure grossière. Toutefois, après avoir jeté un ultime regard à ses œuvres, un sens d'acceptation et de compréhension nous envahit. Les expressions et le langage corporel de ses sujets nous font comprendre que Laforge s'en prend à l'idéalisme et aux vues perfectionnistes qui prévalent dans la société et que, pour lui, la beauté épousent toutes les formes.
Dans l’une de ses pièces, Laforge jumelle la tête d’un ours au corps d’un homme obèse. Il est courant de donner, comme une parole amusante et réconfortante, le titre de « nounours » à des hommes grassouillets. Néanmoins, puisqu’il se permet de marier de façon naturelle la fourrure de l’ours aux poils corporels de l’homme, Laforge est en mesure d’imposer l’idée que nous obéissons tous à des instincts animaux, en particulier en ce qui a trait aux pulsions sexuelles et à la survie.
Laforge est passionné par le filigrane du tabou, puisqu’il croit que la société ne peut survivre sans cela. Ce qui est considéré comme inacceptable dans notre société est la force qui mène à l’évolution et à l’avancement, et sans ces forces la société elle-même finirait par stagner.
Inspiré par les interdits imposés par notre société, Laforge reflète ses croyances et les incorpore dans une forme de communication à l’origine d’une libération d’œuvres d’art uniques et exprimées sans ménagement, dont la spécialité est de bousculer et de restructurer les vues perfectionnistes et idéalistes.
- Michael Iaboni
Michael Iaboni est présentement inscrit au programme d’Écriture professionnelle du Collège Algonquin où il a obtenu en 2005 un diplôme du programme d’Écriture scénaristique.
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Friday, January 18, 2008 to Saturday, February 23, 2008
Opening- Saturday, January 19, 2008