Thursday, September 7, 2000 to Saturday, October 14, 2000

    Opening
    • Thursday, September 7, 2000
    111101 prend comme point de départ cette idée que l’information et le savoir sont devenus des formes de monnaie courante dans la vie contemporaine. Le projet d’Eduardo Aquino rend cette idée visible de façon astucieuse, voire anarchiste. Dans son exploration, Aquino utilise la technologie des pistes magnétiques pour circuler parmi les déchets de bibliothèques et de bureaux. Deux installations (l’une à Winnipeg et l’autre à Ottawa) s’imitent et communiquent entre elles en faisant usage d’un dispositif électronique et par le biais d’un lien sur internet. Des dispositifs interactifs, incluant des objets activés par détecteurs, des caméras, des projections, de l’éclairage, du son et du mouvement, animent et activent en synchronisme l’espace des deux galeries. Les spectateurs doivent utiliser l’une de leurs cartes à piste magnétique pour mettre le mécanisme en marche. Selon Aquino, une telle participation de la part du regardant “fait intervenir un corps commun collectif dans un processus multidisciplinaire, tout en servant d’expérience active d’apprentissage et de créativité. Le but est d’explorer de nouvelles formes d’échange interdisciplinaire au sein d’une entreprise réelle, dynamique et qui suscite un engagement.” C. E. : Vous êtes architecte et artiste. Décririez-vous cette installation comme étant une “pratique architecturale” et, si oui, comment? E. A. : “111101” résulte d’un processus de réflexion qui remonte à mes travaux en installation à Rio de Janeiro à la fin des années quatre-vingt, alors que je commençais à aborder la question des idées préconçues que nous entretenons à l’égard de l’espace de la galerie. La galerie est l’un des espaces les plus chargés de notre culture, à commencer par son architecture standard en forme de boîte et le fait qu’elle sous-entend une certaine “neutralité” en étant blanche. [Dans les années soixante et soixante-dix] à Rio, Helio Oiticica et Lygia Clark se sont attaqués directement au problème de la participation dans l’expérience artistique et ont produit une rupture profonde dans notre façon de comprendre l’espace de la galerie et notre relation avec l’objet d’art. Aujourd’hui, nous traversons une autre transformation. L’objet d’art lui-même est en train de se dissoudre et, alors même que la technologie occupe une place grandissante dans notre vie quotidienne, elle possède le pouvoir de changer inconsciemment nos états de perception. Je m’intéresse aussi à comment la technologie numérique peut transformer la perception d’un espace. C. E. : Vous avez mentionné que certaines personnes avaient un problème avec l’aspect “piste magnétique” de votre installation. Pourriez-vous nous en dire davantage? E. A. : Un ami m’a dit que jamais il ne ferait glisser sa carte dans l’installation parce qu’il n’a pas “confiance” en l’endroit où ira l’information. Je lui ai répondu que, lorsqu’il se présente dans un magasin ou à un guichet automatique, il ne prend jamais en considération là où va son information personnelle parce qu’il obtient tout de suite en retour une chose qui est considérée comme un produit de consommation. Je crois que “111101” essaie d’exposer de façon critique ce geste automatisé quotidien puisque le “produit” que vous obtenez en retour n’est pas un produit de consommation mais plutôt une expérience artistique. Cliff Eyland