Thursday, October 25, 2001 to Saturday, December 1, 2001

    Opening
    • Thursday, October 25, 2001
    Les apparentes méthodologies artisanales employées par Rhonda Weppler dans son travail sculptural sont en fait enracinées dans une stratégie de sculpture minimale; le vide au coeur du minimalisme est ici transposé dans le monde domestique. Si, historiquement, le minimalisme constituait un type d'architecture activé par des corps en mouvement dans un espace social donné, le travail de Weppler fait s'articuler avec emphase cette arène publique et neutre en sphère sociale de la maison. Construites selon des plans prédéfinis et fabriquées à partir de matériaux et de techniques industriels, les oeuvres de Weppler ne cachent rien. On ne trouvera aucun secret au coeur de ces objets, aucun intérieur entouré d'un aura de mystère. En dépit de sa fonction à titre de forme de représentation, le travail de Weppler a intégré plusieurs préceptes du monde de la sculpture de la fin des années 1960 et du début des années 1970. Les sculptures de Weppler peuvent être caractéristiques d'une certaine relecture pop d'images figuratives de l'art minimal modifié. On peut aussi lire une sorte de bande dessinée gothique provenant de l'excentricité de la forme des oeuvres en bois de placage (veneer), une conséquence du processus de transformation naturelle du matériau (soit le rétrécissement et l'expansion de la structure moléculaire du bois). Cet aspect en apparence romantique de l'oeuvre fait appel aux notions d'une profondeur métaphysique formulée dans les secrets et les mystères tant de la vie privée que du processus de travail de l'artiste -- faisant en sorte que l'absence d'une telle profondeur dans l'oeuvre est encore plus prononcée. Un placard, qu'on associe au rituel privé de l'habillement, est vu complètement renversé, l'extérieur devenant désormais l'intérieur. Les tablettes, pleines des livres qui d'habitude nourrissent le besoin d'une vie intérieure contemplative, deviennent des accessoires. La nostalgie, par laquelle l'objet devient prisonnier d'une histoire mythique, est remplacée par une réflexion mélancolique portant sur la maison et la vie privée. Ces deux figures conceptuelles sont historiquement définies par une crise dans laquelle ces figures en sont venu à se prononcer en faveur de la plénitude d'un âge d'or passé. Le travail de Rhonda Weppler opère sur notre relation face aux objets, à la rencontre de la phénoménologie et de la psychologie. Ainsi, ce travail décrit comment la maison privée (et en fait l'idée même qu'on se fait de l'intimité), émerge comme une extension des fantaisies collectives et publiques : dans le cas de Weppler, d'une fantaisie pop gothique. Bien sûr, de tels arguments rendent cette architecture psychologique non moins véridique, bien qu'elle soit reniée par les praticiens du minimalisme mais reconnue intuitivement (c'est peut-être l'ironie) par Michael Fried. Trevor Mahovsky Traduit par Marie-Thé Morin