L’identité, comme le temps, est éphémère; elle peut fluctuer, elle se détache et se transforme au gré de ses transitions. Les œuvres de Times3 ont la même valeur : le spectateur ne vit pas l’œuvre d’art comme il en a l’habitude, et il n’y revient pas ensuite pour la contempler; plutôt, c’est l’expérience de l’œuvre elle-même qui lui reste et qui lui donne à réfléchir. La voix ou l’intention de l’artiste ne reste pas figée dans un moment du processus ou dans l’objet solide; elle reste plutôt en mouvement, et la mémoire devient la gardienne et l’interprète de l’œuvre. De plus, dans l’identité d’avant la vie virtuelle d’aujourd’hui, on supposait qu’il y avait des distinctions bien nettes entre vie privée et vie publique, qui n’incluaient pas forcément l’identité personnelle intime. D’une manière générale, ces distinctions étaient marquées par la bienséance en public et le besoin de conserver un sentiment d’intimité. Et cette interprétation n’aborde même pas la question de l’identité nationale, qui est à la fois communautaire et personnelle. Actuellement, nous vivons dans une culture composée de frontières incohérentes entre ce qui est public et ce qui est privé. Cette perception a tendance à façonner notre manière d’envisager le monde physique, qui se déplace et traverse des distances aussi bien métaphoriques que physiques. Des domaines jadis tabous, certainement privés, deviennent désormais publics dans le monde de l’internet et vice versa (bien sûr, cette affirmation est discutable puisque les gens n’affichent que ce qu’ils veulent bien montrer aux autres – par conséquent, leur identité publique est toujours planifiée, des dérapages se produisant lorsque des renseignements inattendus remettent en question « l’image » publique d’une personne). Les artistes de Time3 réalisent des œuvres qui, à la fois, manifestent engagement public et art, des œuvres séparées de la réalité virtuelle qui modèle l’identité, et qui tendent aussi à rompre avec la réalité tangible qui vient avec la présence physique des corps, de l’espace et du lieu. Même si des restes de performance, sous forme d’images, passeront du « vrai » monde à la réalité virtuelle, c’est par l’expérience d’avoir été présent à l’événement que le spectateur trouvera le sens de l’éphémère. Time3, activité artistique présentée pour la troisième fois par Galerie 101, comprend des œuvres de performance, de film et de vidéo. L’art que l’on y trouve est éphémère par nature, et toutes les pièces sont en lien avec le thème de l’identité, peut-être même celui de l’identité nationale selon l’intention de l’artiste. Cette année, l’activité regroupe des artistes d’ici, et d’autres provenant de la formidable construction et expérimentation coloniale d’un pays qui s’appelle le Canada (voilà un exemple de point de vue sur l’identité nationale). Parmi les artistes de l’art performance, l’on retrouve Adrian Stimson, Tonik Wojtyra, Ulysses Castelanos et Christian Messier avec la participation des artistes locaux Hélène Lefebvre, Theodor Pelmus, Thomas Grondin, Roy Lu et Véronique Guitard. Chacun apporte une vision unique et une façon différente d’aborder le sujet et de communiquer avec le public. En collaboration avec Available Light Screening Collective, un collectif basé à Ottawa, une sélection d’œuvres organisée par Linda Feesey (Toronto) sera exposée. Avec Pleasure Dome in Ottawa ‘Variety Show: A New Toronto Works Sampler’, le public d’Ottawa aura l’occasion de voir certaines des meilleures œuvres de l’exposition annuelle Pleasure Dome’s annual New Toronto Works Show. On y verra des courts métrages réalisés par les artistes Tasman Richardson, Evan Tapper, Steve Reinke, John Forget, Benny Zenga, Randy Gagne, Karma Clarke-Davis, Davida Nemeroff, Jessica Joy, Geoffrey Pugen et Neelam Kler. -Leanne L'Hirondelle
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Saturday, August 21, 2010
Opening- Saturday, August 21, 2010 to Sunday, August 22, 2010